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LE TREIZIEME COUP DE MINUIT
9 juillet 2012

LE POUVOIR DU MOMENT PRESENT

lewis

Lorsque j’ai déménagé en 1983 pour aller dans la région de Saint Etienne, dans le Forez, j’étais petit et je me sentais petit mais ces pensées là étaient vite chassées par mes préoccupations de jeune garçon. Il faut dire qu’à 12 ans je ne mesurais que 1m25, ce qui pour moi posait un sérieux problème face aux autres garçons des classes que je fréquentais. J’étais passionné de sport et plus particulièrement d’athlétisme. Je me défendais pas mal. Et encore aujourd’hui.

L’été 1984, il y avait les jeux olympiques à Los Angeles. Et je regardais tous les athlètes avec un sentiment rêveur; il y en avait un qui retenait toute mon attention et je n’avais d’yeux que pour lui. D’ailleurs je ne regardais les jeux olympiques que pour lui, pour le voir courir, Le King Carl, Carl LEWIS.

Puis vint la rentrée des classes ou encore une fois je me plaisais en Education Physique et Sportive. L’athlétisme, bien sur, était au centre de mes préoccupations et malgré ma petite taille je me hissais dans le groupe de tête. Vint le moment où l’on faisait une épreuve de saut en longueur.

Je craignais de sauter tant je ne m’étais jamais bien illustrer dans cette discipline. J‘avais eu beau essayer de sauter plus de 3m50, j’en étais même arrivé à me faire mal aux adducteurs et donc à sauter finalement… à reculons. Nous avions 4 essais et les copains de classe étaient tous bien plus fort que moi. C’est alors que je me suis rappelé le roi Carl, mon roi. Je me disais que j’aimerai être comme lui, avoir sa fougue, son côté félin, sa vélocité qui le porte à chaque saut, j’aimerais être Carl LEWIS.

Je me présentais devant la planche d’appel et de manière concentrée je me lançais en sprintant jusqu’à la planche d’arrivée et je bondis l’instant d’après pour atterrir à 3.60m du bord du bac. Ma prof de sport m’avait bien observé et avec un sourire me dit que c’était bien. Elle avait certainement senti qu’il y avait quelque chose à faire. Tous les copains sautaient et se débrouillaient pas si mal que ça et surtout beaucoup mieux que moi, mais l’attention de ma prof était portée sur moi. Après coup je me suis revu en observateur bien des années plus tard «  comment un si petit gars pouvait-il sauter aussi loin » peut être s’était-elle dit la même chose.

Elle vint vers moi et me donna quelques conseils que je suivais attentivement pour mon pied d’appel et pour me dire de continuer à pédaler pendant le saut. J’attendais mon tour, et je me lançais pour le deuxième essai. Je sprintai, je courrai, je pédalais dans le vide et je me retrouvai à 3.86m. Pour moi, à 13 ans du haut de mes 1.25m cela me suffisait largement. C’était déjà très bien. Mais je repensai toujours à Carl LEWIS. La prof revint vers moi, et me dit » ça va être à ton tour Olivier. Je sais que tu peux sauter encore plus loin, ne pense à rien donne tout ce que  tu as »

Le troisième essai était pour moi. Tout le monde était passé, avec certains résultats dépassant les 4.00m. Je suivais son conseil ; je me concentrais, je respirais profondément, faisais le vide dans ma tête. Puis d’un seul coup je m’élançais, je sprintais, posais le pied sur la planche d’arrivée et d’un bond qui me parut gigantesque je pédalais dans les airs. Je retombais à 4.26m. Les autres n’en croyaient pas leurs yeux. Comment est-ce qu’il a fait ? Même la prof avaient les deux mains sur le visage tellement cela paraissait inimaginable. Bien sur tout ceux qui sautaient bien loin voulaient égaler voir dépasser cette performance. Et les clients passaient les uns après les autres. J’avais toujours cette image de Carl LEWIS en train de sauter dans ma tête. J’étais tellement heureux de mon exploit que je me surprenais à entendre les autres me dire que j’étais le King Carl. Puis mon record avait été dépassé. Et bien non je n’étais Carl. Mais ce n’était pas grave car j’avais eu mon moment de bonheur.

Il restait encore quelques copains à passer et c’était à mon tour. C’était mon dernier essai. Je ne voulais pas me déconcentrer mais je me sentais fébrile. En partant vers la planche d’appel je me suis dit : JE SUIS CARL LEWIS, je suis celui qui saute le plus loin.

Je fais le vide dans ma tête, je respire profondément, je me concentre. Je fais le vide, je regarde le bac à sable, je respire. Et là d’un seul coup je refais exactement les mêmes gestes que le roi Carl a fait lorsqu’il a battu le record du monde de saut en longueur. La préparation, le souffle, le lancer, le sprint. Le pied posé sur la planche parfaitement. Le saut. La course dans les airs. La chute dans le sable loin du bord et là je me laisse emporté par l’élan pour ne pas effacer mes marques. Je me relève et me retourne.

Je regarde la marque que je viens de faire et là j’entends une copine de classe qui s’écrit en lisant le mètre déroulant : 4.40m. Personne ne le croyait et moi je venais de le faire. A ce moment là je me suis jeté en arrière en signe de victoire les points levés comme si j’avais gagné la médaille d’or du saut en longueur. Quel souvenir.  Depuis, au collège, on m’avait surnommé … Carl Lewis.

Je ne le savais pas mais je venais de faire l’expérience du moment présent avec l’application de l’ici et maintenant dans toute sa splendeur.

Ca fait vingt huit ans que ça s’est passé, le 12 novembre 1984, trois mois après l’exploit de mon idole King Carl LEWIS. Et je m’en souviens comme si je l’avais vécu hier.

Olivier Lagarrigue

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